
Victoire diplomatique : Trente ans après, la RDC retrouve un siège au Conseil de sécurité de l’ONU


KINSHASA, le 11 Juin. — Trente ans après sa dernière participation, la République Démocratique du Congo (RDC) vient d’être élue membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies pour le mandat 2026-2027. L’annonce officielle, faite ce 10 juin 2025 à New York, marque un tournant majeur dans la trajectoire diplomatique du pays et consacre un long travail d’influence et de repositionnement mené depuis l’arrivée au pouvoir du président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Une reconnaissance internationale attendue
C’est une victoire que les milieux diplomatiques à Kinshasa qualifient de « stratégique ». La RDC, vaste pays d’Afrique centrale riche en ressources naturelles mais longtemps marginalisé sur la scène internationale, retrouve ainsi une place au cœur des décisions mondiales sur la paix et la sécurité.
« Ce triomphe vient parachever les efforts diplomatiques déployés par le Chef de l’État dès son avènement à la magistrature suprême », a déclaré Jean-Pierre Kezamudru Musisiri, vice-ministre de l’Éducation nationale et de la Nouvelle Citoyenneté, saluant un succès « historique ».
Pour plusieurs observateurs, cette élection n’est pas seulement symbolique. Elle intervient à un moment où le pays est confronté à des défis majeurs, notamment des agressions extérieures à l’Est, des crises humanitaires récurrentes et une instabilité régionale alimentée par des groupes armés actifs dans la région des Grands Lacs.
Une diplomatie assumée, un leadership affirmé
Face à ces menaces protéiformes, Kinshasa n’a pas misé exclusivement sur la force militaire. Le président Tshisekedi, selon ses proches collaborateurs, a mis en place une diplomatie « offensive mais responsable », axée sur le retour du Congo au centre du jeu multilatéral.
« Il a compris que la paix durable ne se construit pas uniquement sur le terrain, mais aussi dans les couloirs feutrés des institutions internationales », affirme Jean-Pierre Kezamudru. Et d’ajouter : « Le Président Félix-Antoine Tshisekedi est le plus grand diplomate que la RDC ait jamais connu. »
Sous son mandat, la RDC a multiplié les participations aux sommets internationaux, renforcé ses relations bilatérales avec des puissances émergentes comme la Chine, l’Inde ou la Turquie, tout en consolidant ses liens traditionnels avec les partenaires occidentaux. Le pays a également joué un rôle actif au sein de l’Union africaine, dont Tshisekedi a assuré la présidence tournante en 2021.
Le Conseil de sécurité : quels enjeux pour la RDC ?
En tant que membre non permanent du Conseil de sécurité pour deux ans, la RDC aura voix au chapitre sur les grandes questions de paix, de sécurité, de désarmement, de lutte contre le terrorisme et de sanctions internationales. Une occasion unique de porter la voix de l’Afrique centrale et de plaider pour une réforme du système onusien, souvent critiqué pour sa lenteur et son déséquilibre géopolitique.
La présence de la RDC au Conseil pourrait aussi permettre au gouvernement congolais de mieux défendre ses intérêts face aux enjeux liés aux conflits dans l’Est du pays, notamment les implications régionales des violences dans le Nord-Kivu et l’Ituri, où les FARDC affrontent encore des groupes rebelles soutenus, selon Kinshasa, par des forces extérieures.
Un levier pour l’Afrique
Au-delà de la seule RDC, cette élection est également perçue comme une victoire pour le continent africain. Dans un contexte où l’Afrique réclame une représentation plus équitable au sein des instances de gouvernance mondiale, la voix congolaise sera attendue sur des dossiers cruciaux tels que la transition climatique, les inégalités vaccinales, ou encore les réformes économiques post-COVID.
« C’est la voix de toute l’Afrique que portera le Congo au Conseil de sécurité », a estimé un diplomate africain basé à Addis-Abeba, soulignant le potentiel d’un leadership congolais « en phase avec les aspirations de la jeunesse africaine, des États souverains, et d’une gouvernance mondiale plus juste ».
Une revanche sur l’Histoire
Pour beaucoup de Congolais, cette élection constitue une revanche sur l’Histoire. Pays fondateur de l’ONU en 1945 sous l’appellation de Congo belge, la RDC n’a siégé au Conseil de sécurité que deux fois : en 1968-1969 et en 1990-1991. Entre-temps, le pays a souvent été davantage un sujet d’attention humanitaire et sécuritaire qu’un acteur majeur dans la définition des grandes orientations mondiales.
Le retour de Kinshasa à cette tribune prestigieuse est donc un signal fort : celui d’un pays qui se relève, se repositionne, et entend faire entendre sa voix.
Par la rédaction

Je suis Journaliste, évoluant dans la ville de Kisangani, Province de la TSHOPO, en République démocratique du Congo. Contacts : +243 815 397 719 +243 854 309 033
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