RDC-Tshopo: ISEA BENGAMISA se réinvente

Bengamisa, juillet 2025 — Situé à 60 kilomètres de Kisangani, sur l’axe Banalia, l’Institut supérieur d’études agronomiques de Bengamisa (ISEA Bengamisa) connaît un nouveau souffle. Sous l’impulsion de son directeur général, le professeur John Katembo, cet établissement public relevant du ministère de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU) multiplie les initiatives en faveur d’une agriculture durable, rentable et ancrée dans son environnement.

Depuis la rentrée académique 2024-2025, le comité de gestion a lancé un vaste programme de redynamisation de la production agricole, tout en renforçant les dispositifs d’apprentissage par la pratique. Une approche qui s’inscrit dans la volonté de professionnaliser la formation des étudiants, en les confrontant aux réalités du terrain et en les outillant pour devenir de véritables acteurs du développement rural.

« Enseignants, étudiants et personnel ouvrier travaillent en synergie pour faire de l’ISEA un modèle d’institut productif et engagé », souligne un enseignant de l’institut.


Une approche participative et innovante

L’approche est résolument participative : les enseignants conçoivent des modules pédagogiques intégrant les réalités du terroir, pendant que les étudiants mettent la main à la pâte dans les champs et les unités de production. Une dynamique qui favorise l’émergence de compétences techniques solides et d’un esprit d’innovation parmi les apprenants.

Parmi les initiatives concrètes figure un champ de six hectares aménagé sur le site de l’institut au PK 60. Ce champ associe riz, manioc et plantain, dans une logique d’agriculture intégrée. À l’issue de la récolte en cours, la parcelle sera convertie en plantation de cacao, les plantules étant déjà prêtes en pépinière. Le projet incarne parfaitement la vision d’une agriculture durable, à la fois productive et respectueuse de l’écosystème local.

L’agriculture comme levier de formation et de développement

Les activités ne s’arrêtent pas aux grandes cultures. L’ISEA Bengamisa développe également une filière maraîchère, avec six cultures en exploitation : poivron, oignon, chou pommé, poireau, ciboulette et carotte. Ces productions permettent aux étudiants de se former aux techniques horticoles modernes tout en générant des revenus pour l’institut et les communautés locales impliquées.

Dans le domaine de l’élevage, un projet pilote de porcherie a été lancé. Il permet aux étudiants d’acquérir des compétences pratiques, notamment en reproduction animale et en techniques professionnelles comme la castration sanglante. À court terme, l’institut envisage d’étendre ces activités à l’élevage bovin, avicole et cunicole.

« Ce que nous apprenons ici est concret. Nous touchons à tout, et cela nous prépare vraiment à la vie professionnelle », confie un étudiant de deuxième année.


Un ancrage communautaire et des défis à relever

L’ISEA Bengamisa s’inscrit dans une dynamique d’intégration communautaire. De nombreuses activités agricoles sont menées avec la participation des populations riveraines. Cette collaboration renforce l’impact social de l’institut et crée un pont entre formation académique et développement local.

Cependant, l’établissement fait face à plusieurs contraintes : manque d’équipements agricoles modernes, accès difficile aux intrants, logistique limitée… Des défis qui freinent parfois l’élan engagé. Les étudiants appellent ainsi le gouvernement, en particulier le président de la République, à renforcer le soutien à cet institut stratégique pour la souveraineté alimentaire du pays.

Quatre filières au service de l’agriculture congolaise

L’ISEA Bengamisa forme des cadres et techniciens dans quatre filières clés : techniques agricoles, développement rural, gestion des ressources naturelles renouvelables et agronomie vétérinaire. Avec ses nouvelles orientations, il se positionne comme un centre d’excellence dans la formation des jeunes pour un secteur agricole moderne, productif et durable.


La Rédaction