
RDC–Rwanda : Un accord de paix historique signé à Washington, entre espoir et vigilance

Washington D.C. – C’est un tournant diplomatique majeur pour l’Afrique des Grands Lacs. Ce vendredi 27 juin 2025, la République Démocratique du Congo (RDC) et la République du Rwanda ont signé à Washington un accord de paix historique sous l’égide des États-Unis et du Qatar. Ce document entend mettre fin à des décennies de tensions, d’accusations croisées et de conflits armés dans l’Est de la RDC, dont les populations civiles paient depuis trop longtemps le prix fort.
Une médiation américaine décisive
La signature de cet accord intervient après des mois de négociations confidentielles menées sous la houlette du secrétaire d’État américain, Marco Rubio, et avec l’appui diplomatique du Qatar. Le processus s’est accéléré dans un contexte géopolitique où les puissances occidentales cherchent à sécuriser l’accès aux ressources stratégiques de la région – notamment le cobalt, le coltan et le lithium – nécessaires à la transition énergétique mondiale.
Les engagements des deux parties
Selon les termes de l’accord, la RDC et le Rwanda s’engagent à :
respecter mutuellement la souveraineté et l’intégrité territoriale de chaque État ;
mettre fin au soutien actif ou passif à tout groupe armé opérant sur le territoire de l’autre ;
démanteler les bases militaires non conventionnelles et procéder au retrait progressif des troupes rwandaises du sol congolais dans un délai de 90 jours, sous contrôle international ;
favoriser l’intégration régionale à travers des projets économiques conjoints, notamment dans le secteur minier ;
s’abstenir de tout discours hostile ou incitatif à la haine, et instaurer un mécanisme conjoint de surveillance et de règlement des différends.
Un comité de suivi sera mis en place avec la participation de représentants américains, qatariens et de l’Union africaine.
Les enjeux économiques au cœur de l’accord
Derrière les engagements politiques et sécuritaires, l’accord consacre un partenariat économique d’envergure entre les deux pays, notamment en ce qui concerne l’exploitation industrielle et la traçabilité des minerais stratégiques. Plusieurs analystes estiment que cette démarche vise à limiter l’influence grandissante de la Chine dans le secteur minier congolais et à favoriser des investissements occidentaux mieux régulés.
Un second texte, complémentaire à l’accord de paix, devrait être signé dans les prochaines semaines afin de préciser les modalités de gestion et de redistribution des revenus issus des ressources naturelles.
Une réception contrastée en RDC
La réaction des acteurs politiques et sociaux congolais est partagée.
Du côté du gouvernement, le camp du président Félix-Antoine Tshisekedi a salué « une victoire de la plume sur le canon », soulignant l’importance d’une paix durable fondée sur le dialogue et la responsabilité partagée. Le vice-ministre de l’Éducation nationale et Nouvelle Citoyenneté, Jean-Pierre Kezamudru Musisiri, a parlé d’un « acte de courage diplomatique ».
L’opposition, quant à elle, reste sceptique. Martin Fayulu a dénoncé un « risque de cogestion de nos richesses », tandis que d’autres figures, comme Adolphe Muzito, plaident pour un partenariat « gagnant-gagnant », à condition que la souveraineté congolaise soit pleinement respectée.
Le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix, a quant à lui appelé à la vigilance : « La paix ne se décrète pas uniquement par la signature d’un accord. Elle exige justice, mémoire, inclusion des victimes et lutte contre l’impunité. »
Et les groupes armés dans tout cela ?
L’un des points de friction reste l’absence de prise en compte explicite du M23, rébellion soutenue par Kigali selon Kinshasa et plusieurs rapports de l’ONU. Si l’accord évoque le désarmement progressif des groupes armés non étatiques, il n’inclut pas, à ce stade, une clause claire de démobilisation du M23 ni son avenir politique.
Le silence sur cette question pourrait fragiliser la mise en œuvre de l’accord, surtout dans des zones comme le Nord-Kivu, où la situation humanitaire demeure critique.
Entre prudence et espoir
Ce pacte signé à Washington marque indéniablement une étape importante dans la recherche de la paix dans la région. Mais il soulève autant d’espoirs que de défis.
La mise en œuvre effective de ses clauses, la transparence autour des accords économiques, la volonté politique des deux parties à respecter leurs engagements, ainsi que l’implication des populations locales seront déterminants pour éviter que ce nouveau départ ne soit qu’un mirage de plus dans le long calvaire de l’Est congolais.
À suivre : Ratification parlementaire en RDC, réactions de la société civile, et suite des pourparlers sur l’intégration économique régionale.
La Rédaction

Je suis Journaliste, évoluant dans la ville de Kisangani, Province de la TSHOPO, en République démocratique du Congo. Contacts : +243 815 397 719 +243 854 309 033
Laisser un commentaire