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RDC–Rwanda : le Professeur Jean-Bedel Iyoka salue une percée diplomatique, mais appelle à la vigilance

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Kinshasa, 29 juin 2025 – Réagissant à chaud à la signature de l’accord préliminaire entre les ministres des Affaires étrangères de la République Démocratique du Congo et du Rwanda à Washington, le Professeur Jean-Bedel Iyoka, universitaire congolais, expert en sciences politiques et en prospective stratégique, salue une  » percée diplomatique remarquable « , tout en appelant à la vigilance au sujet de quelques ambiguïtés problématiques que recèle l’accord.

Selon lui, cet accord marque une rupture avec les précédents plans de paix souvent restés sans effet.

« Ce n’est pas un simple énième accord. Ce que l’on appelle déjà le plan de Washington est une initiative à portée historique », déclare-t-il.

Cinq points majeurs de distinction

Le Professeur Iyoka identifie cinq éléments clés qui, selon lui, distinguent cet accord de tous les précédents :

  1. L’implication directe des États-Unis
    « Pour la première fois, la première puissance mondiale intervient de manière frontale, assumant la responsabilité de garantir le processus. Cela donne un poids inédit à ce texte. »
  2. La clarification implicite du rôle du Rwanda
    Sans utiliser les termes « agresseur » ou « responsabilité directe », le Rwanda est identifié, selon le professeur, comme acteur central du conflit, ce qui ouvre la voie à une réelle reddition de comptes.
  3. L’affichage des intérêts américains
    L’accord inclut, de manière explicite ou implicite, la reconnaissance des intérêts stratégiques et économiques des États-Unis en RDC.

« Cela change la donne, car désormais, la paix en RDC devient aussi un intérêt américain. »

  1. La mise en place d’un cadre d’intégration économique régional
    Cette orientation, selon Iyoka, pourrait désamorcer à long terme les motivations économiques informelles qui alimentent les conflits dans la région des Grands Lacs.
  2. La dimension politique et symbolique voulue par Donald Trump
    Le président américain chercherait à marquer l’histoire.

« Il a compris que faire la paix au Congo peut aussi lui rapporter un prix Nobel », analyse-t-il.

Deux faiblesses majeures pointées du doigt

Malgré un ton optimiste, le Professeur Iyoka met en garde contre deux ambiguïtés préoccupantes :

La question des FDLR, souvent évoquée par Kigali pour justifier ses incursions militaires en territoire congolais.

L’absence d’un mécanisme clair pour évaluer l’arrêt du soutien rwandais au M23.

Cependant, l’universitaire se montre modérément rassuré par le recours annoncé à la technologie américaine pour surveiller la mise en œuvre de l’accord, ce qui pourrait, selon lui, « limiter les manœuvres dilatoires ».

Un appel à la gouvernance interne

En conclusion, le Professeur Jean-Bedel Iyoka souligne que cette victoire diplomatique n’aura d’impact durable que si elle est accompagnée d’un sursaut national :

« Sans un redressement économique et institutionnel de l’État congolais, les dividendes de cet accord resteront symboliques », prévient-il.

Une opinion lucide, entre espoir et prudence

Entre espoir mesuré et vigilance constructive, la réaction du Professeur Iyoka incarne l’état d’esprit d’une grande partie de l’élite intellectuelle congolaise : lucide, exigeante, mais profondément engagée en faveur de la paix.

Laurent GELALISA

Je suis Journaliste, évoluant dans la ville de Kisangani, Province de la TSHOPO, en République démocratique du Congo. Contacts : +243 815 397 719 +243 854 309 033

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