RDC : Joseph Kabila rompt le silence et propose un « pacte citoyen » pour sortir le pays de la crise

KINSHASA, 23 mai 2025 – Après six années d’un silence politique presque total, l’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange, est réapparu sur la scène publique ce vendredi, à travers un discours solennel adressé à la nation. Dans une intervention très attendue, il a proposé un « pacte citoyen » en 12 points visant à sortir le pays du « gouffre » dans lequel il affirme qu’il est plongé.

S’exprimant depuis Lubumbashi, l’ex-chef de l’État a d’abord justifié sa longue réserve, évoquant la volonté de ne pas alimenter les polémiques, malgré, selon lui, des provocations et des atteintes répétées à sa personne. « J’ai préféré me taire, mais aujourd’hui, je parle par devoir », a-t-il lancé, dans un ton grave.

Un réquisitoire sévère contre le pouvoir en place

Kabila a dressé un tableau sombre de la situation du pays, pointant une « dictature en construction », des violations de la Constitution, la désintégration des institutions issues de l’alternance de 2018, et une insécurité grandissante dans l’est de la RDC. Il a également dénoncé la présence de troupes étrangères et de groupes armés non étatiques, qu’il accuse d’agir avec la complicité de Kinshasa.

Il a qualifié les élections de décembre 2023 de « simulacre » et a rejeté toute tentative de révision constitutionnelle, y voyant une menace pour la paix civile. L’ancien président a aussi évoqué les massacres survenus à Makala, Goma et Kilwa, qu’il a qualifiés de « crimes contre l’humanité ».

Un programme de redressement national en 12 points

Face à ce qu’il considère comme une crise existentielle, Joseph Kabila propose un pacte citoyen structuré autour de douze engagements, parmi lesquels : la fin de la dictature, la restauration de l’autorité de l’État, la réconciliation nationale, le départ des troupes étrangères, la relance du développement et la restauration de la démocratie.

Il a appelé les Congolais à un sursaut patriotique, invitant toutes les forces vives du pays à se rassembler pour « sauver le Congo de la disparition ».

Un retour aux affaires ?

Ce discours pourrait marquer un tournant dans la vie politique congolaise. Si Kabila ne s’est pas explicitement déclaré candidat à une prochaine échéance électorale, son ton, ses accusations et ses propositions laissent penser qu’il entend désormais jouer un rôle actif.

Avec ce retour en force, l’ancien président, dont le silence avait nourri toutes sortes de spéculations, semble vouloir repositionner sa famille politique, le Front Commun pour le Congo (FCC), dans la nouvelle configuration politique du pays. A