
RDC – 30 juin : une indépendance en fête, des fonctionnaires oubliés ?

Kisangani, RDC – Alors que la République Démocratique du Congo célèbre, ce lundi 30 juin 2025, le 65e anniversaire de son accession à la souveraineté nationale et internationale, une question brûlante s’impose : peut-on véritablement se réjouir d’une indépendance quand ceux qui servent la nation au quotidien, les fonctionnaires, peinent à joindre les deux bouts, faute de paiement de leurs salaires ?
Partout à travers le pays, les cérémonies commémoratives battent leur plein. Les drapeaux flottent fièrement, et les médias publics diffusent des images d’archives retraçant l’épopée de l’indépendance acquise en 1960. Dans les grandes villes comme Kinshasa, Lubumbashi ou Kisangani, les autorités ou les différentes structures organisent des manifestations et rendent hommage aux pères fondateurs, à commencer par Patrice Emery Lumumba, symbole de la dignité africaine.
Mais dans les coulisses de ces célébrations, un profond malaise s’installe. Des milliers d’agents de l’État – enseignants, médecins, agents administratifs, ou cadres des régies financières – accusent des retards de paie. Une situation qui, pour beaucoup, donne un goût amer à cette journée pourtant hautement symbolique.
« Le 30 juin devrait être une fête nationale, un moment de fierté collective. Mais quand on ne peut pas acheter à manger pour sa famille, comment célébrer ? », s’interroge un fonctionnaire de l’administration provinciale à Kisangani, visiblement amer.
Un contraste frappant entre la symbolique et la réalité sociale
Le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a toujours appelé dans ses messages à la nation à « l’unité, à la résilience et à la construction d’un État fort, au service du peuple ». Mais sur le terrain, cette ambition semble contredite par le quotidien vécu par des milliers de citoyens laissés pour compte.
Pour certains analystes, ce décalage entre les discours et la réalité traduit une faiblesse persistante de l’État congolais : sa difficulté à assumer pleinement ses responsabilités régaliennes. L’indépendance, affirment-ils, ne devrait pas être uniquement politique, mais aussi sociale, économique et humaine.
« Il est temps que le gouvernement comprenne que la dignité nationale ne se décrète pas, elle se construit par des actes concrets. Payer les fonctionnaires à temps est un minimum », insiste un économiste basé à Kinshasa.
L’indépendance : pour qui ? Et à quel prix ?
Soixante-cinq ans après la proclamation solennelle de l’indépendance au Parlement de Léopoldville par Lumumba et Kasa-Vubu, une génération entière de Congolais continue de vivre dans la précarité, malgré l’abondance des ressources naturelles du pays. Le rêve d’un Congo libre, prospère et solidaire reste encore à concrétiser.
« L’indépendance n’est pas un acquis figé, c’est un processus permanent. Elle doit se refléter dans la capacité de l’État à protéger et valoriser ses enfants », commente une sociologue de l’Université de Kisangani.
Un rendez-vous avec l’Histoire… et le présent
Le 30 juin 2025 ne devrait pas être qu’un rituel mémoriel. Il devrait être un moment de vérité, une opportunité de mesurer le chemin parcouru, mais aussi de reconnaître les insuffisances criantes de la gouvernance actuelle.
Tant que les fonctionnaires de l’État continueront de vivre dans l’angoisse du lendemain, sans salaire, sans couverture sociale digne, sans perspectives claires, la fête de l’indépendance restera pour beaucoup une date plus symbolique que réelle.
Le peuple congolais, lui, continue d’espérer. Mais l’espoir ne suffit plus : il faut des actes. Car une nation vraiment indépendante, c’est une nation qui sait honorer ses engagements envers ceux qui la font vivre au quotidien.

Je suis Journaliste, évoluant dans la ville de Kisangani, Province de la TSHOPO, en République démocratique du Congo. Contacts : +243 815 397 719 +243 854 309 033
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