
Justice congolaise : deux poids, deux mesures ?
Réflexion de Pascal KAZADI


RDC-Kinshasa: La récente condamnation de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo à dix ans de travaux forcés dans le dossier du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo ravive une question cruciale : la justice congolaise est-elle réellement équitable, ou fonctionne-t-elle selon un système de « deux poids, deux mesures » ?
Si ce verdict est présenté par les autorités comme une victoire dans la lutte contre la corruption, une partie de l’opinion publique reste sceptique. Plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer une justice sélective, ciblant certains anciens hauts responsables, pendant que d’autres figures politiques – pourtant accusées de faits similaires, voire plus graves – circulent librement.
Le cas de Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances sous Tshisekedi, est régulièrement cité comme exemple. Malgré de nombreuses dénonciations publiques sur sa gestion des finances de l’État, il n’a jamais été interpellé ni poursuivi par la justice. Cette impunité contraste fortement avec la sévérité dont a fait l’objet Matata Ponyo, désormais dans l’opposition.
Mais le problème dépasse les cas isolés. De nombreux autres anciens dignitaires du régime de Joseph Kabila, cités dans des rapports d’enquêtes ou par des structures de lutte contre la corruption, n’ont jamais été inquiétés. De même, certains proches du pouvoir actuel – pourtant impliqués dans des scandales documentés – semblent bénéficier d’une forme d’immunité de fait.
Cette situation alimente un sentiment d’injustice et d’impunité sélective. Elle affaiblit l’autorité morale des institutions judiciaires et donne l’image d’un appareil judiciaire utilisé à des fins politiques. Une telle perception est dangereuse pour la stabilité de l’État et la crédibilité des réformes annoncées.
Il ne peut y avoir de lutte efficace contre la corruption sans impartialité. La justice congolaise ne pourra regagner la confiance des citoyens que lorsqu’elle démontrera qu’aucun détourneur de fonds publics, qu’il soit du régime Kabila ou du régime Tshisekedi, ne peut échapper à la rigueur de la loi.
Un appel à l’unité nationale
Cette situation, aussi frustrante soit-elle, ne doit pas diviser la République démocratique du Congo. Le peuple congolais doit rester uni, quelles que soient les appartenances politiques, les provinces ou les sensibilités. La justice doit être améliorée, certes, mais le combat pour un État de droit ne doit pas se transformer en guerre entre Congolais. C’est ensemble, dans la solidarité et l’exigence citoyenne, que la RDC pourra faire avancer sa démocratie.
Conclusion : la RDC ne bâtira jamais un État de droit sur une justice à géométrie variable. L’heure est venue pour une justice qui ne regarde ni les couleurs politiques ni les appartenances tribales, mais uniquement les faits. Et pour cela, l’unité du peuple congolais est indispensable.

Je suis Journaliste, évoluant dans la ville de Kisangani, Province de la TSHOPO, en République démocratique du Congo. Contacts : +243 815 397 719 +243 854 309 033
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