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Assemblée Nationale : Démission calculée, forcée, recul ou stratégie de Vital Kamerhe ?

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La politique congolaise n’a jamais été avare en surprises, mais la démission de l’Honorable Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, ce mardi devant la conférence de présidents, sonne comme un coup d’éclat aussi bien tactique que symbolique.

Officiellement, il part dans l’intérêt supérieur de l’unité de l’Union sacrée. Officieusement, il évite une seconde humiliation annoncée, sous la pression d’une pétition portée par un front de députés de plus en plus bruyant, avec à leur tête un ancien membre de son parti politique élu d’ailleurs sous le Label de l’Union pour la Nation Congolaise, le très problématique chrispin Mbindule Mitono, devenu membre du parti au pouvoir, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, UDPS.

Problématique parce qu’il avait aussi offensé un prélat catholique à son temps, l’histoire le retiendra.

Une pétition, un signal

La pétition qui visait sa déchéance ainsi que de 4 autres membres de son bureau, n’est pas un simple papier de colère parlementaire. Elle refléterait « un désaveu » interne, avec des calculs politiques pour une probabilité du changement de la constitution du 18 février 2006 dont le camp de son allié « ami-ennemi  » de l’UDPS envisagerait déjà de changer avant la crise sécuritaire qui secoue la partie Orientale de notre pays où deux provinces sont en état de siège, gérées par l’administration militaire.

L’opposition au sein même de la majorité présidentielle avec des calculs projetés déjà à l’horizon 2028, cela n’est plus un secret pour les avertis.

Accusé de gestion opaque, de marginalisation d’alliés, voire d’ambitions présidentielles mal digérées, Kamerhe s’est retrouvé comme Constant Mutamba Tungunga, ex-ministre d’État et ministre de la Justice condamné à trois ans des travaux forcés et une inéligibilité d’exercer des fonctions publiques pendant 5 ans, ciblés par les leurs, dans une guerre froide au sein de l’Union sacrée.

Démission choisie ou forcée ?

En choisissant de partir avant le vote, l’Honorable Vital Kamerhe reste maître de son destin.
Il préserve son image de stratège politique, capable de reculer pour mieux rebondir. Il sait que la politique congolaise fonctionne en cycles, et que les défaites d’aujourd’hui préparent parfois les retours de demain.

Un coup de frein ne signifie pas la fin de la course, c’est plutôt une redistribution des cartes.

Sa démission ouvre un nouveau champ de bataille. Qui pour lui succéder ? L’aile Katumbiste ? Un profil du Nord-Est ? Un compromis du Président Tshisekedi lui-même ?

La bataille pour la présidence de l’Assemblée va désormais cristalliser toutes les ambitions latentes, à deux ans de la présidentielle.

Un homme toujours debout

Ne nous trompons pas, l’Honorable Vital Kamerhe Lwakanyinginyi Kingi reste un poids lourd de la politique congolaise. Ce n’est ni son premier recul, ni sa dernière manœuvre. Son retrait de la Chambre basse pourrait bien annoncer un repositionnement discret, voire une préparation à un rôle plus large dans les futures négociations politiques.

Derrière les démissions politiques, il y a rarement des renoncements sincères. Il y a des calculs, des échappatoires et des retours.

l’Honorable Vital Kamerhe n’a peut-être pas dit son dernier mot, disent ses partisans et pourtant, le 25 mars 2008, il avait été contraint à la démission suite à sa prise de position sur l’entrée des troupes Rwandaises en RDC pour « traquer » les FDLR sans l’aval du parlement.

Sébastien Mulamba

Je suis Journaliste, évoluant dans la ville de Kisangani, Province de la TSHOPO, en République démocratique du Congo. Contacts : +243 815 397 719 +243 854 309 033