

Une conférence scientifique s’est tenue ce 15 mai 2025 au Centre de Recherche en Langues et Cultures Africaines ( CERLCA ) de Kisangani. Organisée par cette institution, elle a réuni plusieurs chercheurs autour d’un thème préoccupant : « La ville de Kisangani en proie à l’insécurité du phénomène Kuluna : surcharge ou faillite de l’État congolais ? »
L’attaché de recherche Valentin Etshike, principal orateur du jour, a exposé les causes et conséquences de ce phénomène qui gangrène la ville. Il a d’emblée motivé son choix de sujet par un constat troublant : malgré la présence d’institutions étatiques censées garantir la sécurité des personnes et de leurs biens, Kisangani compte des « zones rouges » où même les forces de l’ordre n’osent s’aventurer.
Des Kuluna intouchables
Les enquêtes de terrain menées par le chercheur montrent que certains Kuluna – ces gangs urbains tristement célèbres – jouissent d’une impunité choquante. Selon Valentin Etshike, ils sont parfois en collusion avec des agents de l’ordre. « L’un de mes enquêtés m’a confirmé que ces Kuluna sont en communion avec quelques membres du service de l’ordre. Voilà pourquoi notre police est incapable de rétablir la quiétude sociale », a-t-il affirmé.
Une hypothèse forte : l’État failli
L’orateur a avancé une hypothèse centrale : « _Nous nous trouvons face à un État failli »._ Il a défini cette faillite par l’incapacité de l’État à :
_contrôler l’ensemble de son territoire ;_
_garantir la sécurité des citoyens ;_
_préserver l’État de droit ;_
_promouvoir les droits humains ;_
_exercer une gouvernance efficace ;_
et enfin, fournir les biens publics essentiels tels que la croissance économique, l’éducation et les soins de santé.
Un appel à la responsabilité collective
Pour Valentin Etshike, l’implication de certains membres des services de sécurité dans ce phénomène accentue la perte de confiance des citoyens envers l’État. Il a conclu son intervention par un message fort : « _La_ _jeunesse est le poumon de la nation. Si elle est malade, c’est toute la nation qui souffre. »_
La conférence s’est clôturée par une séance de questions-réponses, signe d’un vif intérêt du public face à ce fléau qui mine la société boyomaise.
Par Judith BASUBI