Leadership à la mode : entre illusion et responsabilité chez les jeunes de Kisangani et de la RDC

Par Pascal KAZADI, Kisangani le14 Mai

Ils sont nombreux, surtout parmi les jeunes de Kisangani, de la Tshopo et plus largement de la RDC, à se revendiquer « leaders ». Sur les réseaux sociaux, dans les associations, ou au sein des mouvements citoyens, le mot est omniprésent. Mais qu’est-ce qu’un leader, au fond ? Et cette course effrénée au leadership reflète-t-elle une prise de conscience ou un simple effet de mode ?

Un mot à la mode, parfois vidé de son sens

Le mot « leader » est devenu omniprésent dans le discours public congolais. Il suffit de faire un tour sur Facebook ou d’assister à une réunion de jeunes pour entendre des dizaines d’intervenants se présenter comme tels. Certains s’affichent avec des titres ronflants, sans pour autant montrer un impact réel sur leur entourage.

Ce phénomène soulève une question centrale : à force d’être utilisé à tout-va, le mot « leader » ne risque-t-il pas de perdre sa signification ?

Être leader, ce n’est pas se proclamer

Dans son essence, le leadership ne se décrète pas. Il se démontre. Un leader est avant tout une personne qui guide, influence positivement, inspire et entraîne les autres vers un objectif commun. Il ne s’agit pas seulement d’avoir des idées ou de parler fort, mais de poser des actes concrets, d’assumer des responsabilités et de faire preuve d’exemplarité.

Être leader, c’est accepter de servir, d’écouter, de construire, souvent dans l’ombre, loin des caméras et des likes.
Pourquoi cette quête de leadership chez les jeunes ?

La jeunesse congolaise est en quête de repères. Dans un contexte marqué par la crise de confiance envers les institutions, l’effritement de l’autorité morale et le chômage de masse, beaucoup de jeunes cherchent à exister autrement. Le leadership devient alors une forme d’affirmation de soi, parfois un raccourci vers la reconnaissance sociale.

Mais attention : être populaire sur les réseaux sociaux n’est pas synonyme de leadership. Avoir des suiveurs ne fait pas de vous un guide.
Vers un leadership responsable et utile

Il est temps de redonner au mot « leader » toute sa profondeur. Un véritable leader se distingue par :

une vision claire pour sa communauté ;

la capacité à fédérer au-delà des différences ;

l’humilité d’apprendre et de se remettre en question ;

le courage de défendre l’intérêt collectif, même dans l’adversité.

Des figures locales inspirantes existent dans la Tshopo et ailleurs. Leur exemple mérite d’être valorisé, car il montre qu’un leadership authentique est possible, ancré dans l’action, la constance et l’intégrité.
Former les leaders de demain

Le défi est aussi collectif : familles, écoles, mouvements citoyens et institutions doivent accompagner les jeunes dans leur désir d’engagement. Former un leader, ce n’est pas seulement lui apprendre à parler en public ou à gérer une page Facebook. C’est l’aider à développer des valeurs, une éthique, un sens du service.
Conclusion

La RDC a besoin de leaders, oui. Mais pas de leaders auto-proclamés ou en quête de gloire éphémère. Elle a besoin de femmes et d’hommes capables de transformer les idées en actions, le discours en résultats, et l’ambition personnelle en projet collectif. Être leader, ce n’est pas briller seul, c’est éclairer le chemin pour les autres.