Hommage à Bonnette Elombe : quand une institutrice réinvente la joie d’enseigner

Kisangani, 21 octobre 2025 — La disparition de Madame Bonnette Elombe, institutrice à l’école primaire Yolo 7 de Kinshasa, a bouleversé le monde éducatif congolais. Lundi 20 octobre 2025, la nouvelle de sa mort a suscité une vague d’émotions et de témoignages poignants sur les réseaux sociaux. À travers cette réaction collective, le pays a redécouvert la valeur inestimable d’une enseignante qui, sans bruit ni gloire, a marqué des générations par sa passion et son humanité.

C’est dans cet esprit que François Okondamomba Olongo, assistant au Département de Français-Langues Africaines à l’ISP Kisangani, a livré une profonde réflexion sur l’héritage pédagogique laissé par cette « étoile de l’école primaire ».

Une vocation vécue comme un sacerdoce

Pour le scientifique, l’enseignement, au-delà d’un métier, est une véritable vocation, comparable à un acte de foi et de don de soi. Madame Elombe en incarnait l’essence même : peu préoccupée par les gains matériels, elle semait la lumière dans l’esprit de ses élèves, prouvant que la grandeur d’un enseignant réside dans son dévouement.

L’amour et la passion du métier

À un âge où beaucoup recherchent le confort ou la reconnaissance sociale, elle avait choisi le chemin de l’humilité et du service, enseignant à des enfants de six à sept ans. Ce niveau, souvent sous-estimé, était pour elle le fondement du développement intellectuel et moral. Elle y a installé un climat d’excellence et de tendresse éducative.

La renaissance de la musique scolaire

Madame Elombe a redonné vie à une discipline souvent négligée : la musique à l’école primaire. À travers des chansons pédagogiques adaptées à l’âge des enfants, elle a fait de la classe un espace de joie et d’apprentissage actif. Son approche pose un regard critique sur les programmes actuels, qui manquent cruellement de supports adaptés en musique scolaire.

Le modèle par l’exemple

Plus qu’une simple enseignante, elle incarnait le modèle vivant : rigoureuse, joyeuse et exemplaire. « Ne faites pas seulement ce que je dis, mais faites ce que je fais », disait-elle en actes. Son attitude quotidienne valait mieux qu’un long discours.

Le symbole des enseignants anonymes

Bonnette Elombe représente ces milliers d’enseignants congolais qui œuvrent dans l’ombre, mais dont la passion et la constance façonnent silencieusement la nation. À travers elle, c’est toute une communauté d’éducateurs dévoués que la société est invitée à reconnaître et à honorer.

Un hommage à la chaîne éducative

Son excellence a également rendu hommage à ses propres formateurs, du primaire au supérieur. Elle prouve que lorsqu’une passion se transmet, la chaîne éducative produit des fruits visibles et durables.

Une enseignante connectée et responsable

L’une de ses forces résidait dans l’usage pédagogique du numérique. Contrairement à la superficialité dominante sur les réseaux sociaux, elle s’en servait pour partager, inspirer et valoriser la profession enseignante. Elle a montré que les NTIC peuvent devenir des outils au service de l’éducation.

La “Méthode Elombe” : enseigner dans la joie

Sa pédagogie reposait sur une idée simple mais puissante : enseigner dans la joie. Chanter, danser, interagir… elle transformait la salle de classe en un espace d’épanouissement collectif. Cette approche, que François Okondamomba nomme “Méthode Elombe”, mérite d’être étudiée comme un modèle de pédagogie active et émotionnelle.

L’amour, moteur de tout apprentissage

Elle avait compris que l’amour entre enseignant et élève est la clé d’un apprentissage réussi. Aimer pour être aimé, enseigner pour faire grandir — tel était son credo. Cet amour réciproque créait un climat propice à la réussite scolaire et humaine.

La dignité retrouvée de la section pédagogique

À travers son parcours, la section pédagogique retrouve son prestige. L’exemple de Bonnette Elombe pourrait inspirer de nouvelles vocations parmi les jeunes, au moment où les inscriptions s’ouvrent pour l’année académique 2025-2026 dans les instituts supérieurs pédagogiques du pays.

Une grandeur silencieuse

« Qui aurait cru qu’une simple institutrice enflammerait la toile plus que certaines figures politiques ? » s’interroge l’auteur. Par sa seule authenticité, Bonnette Elombe rappelle que la grandeur ne réside pas dans la fonction, mais dans l’impact humain et moral.

Un héritage vivant pour l’école congolaise

Partie trop tôt, elle laisse pourtant une trace lumineuse dans la pédagogie congolaise. Son engagement, sa créativité et son humanité redonnent à la craie son éclat, à la salle de classe sa chaleur, et à la profession enseignante sa dignité.

Paix à son âme, et que son exemple inspire durablement les éducateurs de demain.

ZK