
Faradje : scandale autour des fonds de dédommagement des victimes des Mbororo

La société civile de Faradje dénonce un écart de plus de 53 millions de francs congolais entre les fonds officiellement alloués et les montants réellement distribués aux victimes des dévastations causées par les éleveurs Mbororo.
Faradje, Haut-Uele – La tension reste vive dans le territoire de Faradje après la révélation d’un détournement présumé des fonds destinés à l’indemnisation de 38 ménages victimes des dévastations provoquées par les éleveurs étrangers Mbororo. La société civile forces vives, par la voix de son coordonnateur Jean-Claude Malitano, parle de « réparations fictives » et exige que justice soit faite.
Des indemnisations dérisoires
Selon le rapport technique final d’un enquêteur ingénieur agronome du territoire de Faradje, daté du 10 mai 2025, les dégâts subis par les victimes s’élèveraient à 55,1 millions de francs congolais, soit l’équivalent de 25 hectares de champs détruits.
Cependant, à la surprise générale, les sommes effectivement distribuées aux ménages concernés oscillent entre 3 000 et 30 000 francs congolais. En moyenne, chaque famille a reçu environ 30 000 FC, soit un total estimé à 1,14 million de FC. Ce montant laisse apparaître un manque à gagner de plus de 53 millions de francs congolais.
Pour Jean-Claude Malitano, cette répartition ne peut être considérée comme un dédommagement.
« Ce n’est pas une réparation mais une humiliation pour les victimes », dénonce-t-il, ajoutant que certains sinistrés auraient préféré ne rien recevoir plutôt que d’être ridiculisés de la sorte.
Risque de nouvelles tensions
Au-delà de cette controverse financière, la société civile pointe du doigt un autre problème : l’absence de mesures d’accompagnement après le déplacement des éleveurs Mbororo du territoire de Faradje vers celui de Niangara, toujours dans le Haut-Uele.
Si la décision de les déplacer avait été largement saluée, Jean-Claude Malitano regrette que les Mbororo n’aient bénéficié d’aucune assistance dans leur nouvelle zone d’installation.
« Sans accompagnement, ils risquent de revenir vers Faradje, Watsa et Dungu, ce qui raviverait les tensions », prévient-il.
Appel aux autorités
Face à cette situation, la société civile de Faradje interpelle les autorités provinciales et nationales. Elle exige :
une réévaluation immédiate des indemnisations promises aux 38 ménages victimes ;
la transparence sur la gestion des fonds débloqués ;
la mise en place de solutions durables pour accompagner les Mbororo déplacés et prévenir un retour dans leurs anciens territoires.
L’affaire, qui mêle soupçons de détournement, injustice sociale et risque de résurgence de conflits communautaires, place une nouvelle fois le Haut-Uele face à ses défis de gouvernance et de cohésion sociale.
Victorine BAVUNGUWE

Je suis Journaliste, évoluant dans la ville de Kisangani, Province de la TSHOPO, en République démocratique du Congo. Contacts : +243 815 397 719 +243 854 309 033
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.
Laisser un commentaire