
Quand l’eau disparaît et l’insécurité monte : Kisangani à bout de souffle



À Kisangani, dans la province de la Tshopo, l’accès à l’eau potable devient un défi quotidien pour la population. Les habitants dénoncent une carence prolongée dans la desserte en eau par la REGIDESO (Régie de distribution d’eau), ce qui affecte gravement leur mode de vie et leur sécurité.
Depuis plusieurs semaines, de nombreux quartiers de la ville ne reçoivent plus d’eau de manière régulière. Parfois, le liquide précieux ne coule que pendant la nuit, contraignant les familles à aller puiser à des heures tardives ou très matinales.
Un habitant du bloc UNIKIS témoigne :
> « La REGIDESO ne nous envoie plus d’eau comme avant. Chez nous, elle ne venait déjà que la nuit, et on s’était habitués à nous réveiller pour puiser. Mais depuis la semaine passée, notre robinet ne vomit plus une seule goutte. Il faut que les autorités s’impliquent. »
Tôt le matin, dès six heures, de longues files de jeunes filles se forment devant des puits de fortune. Elles viennent s’y approvisionner pour exécuter les tâches ménagères. À la source dite « porte rouge », près de la clinique Les Anges, une autre foule est présente. Des femmes, des hommes, des enfants — toutes catégories confondues — cherchent désespérément de l’eau potable.
Une maman trouvée sur le lieu confie :
> « Quand l’eau coulait, on se réveillait à des heures tardives pour aller puiser. Mais avec l’insécurité grandissante dans la ville, on ne peut plus se permettre de sortir à pareilles heures. Ce n’est pas seulement l’eau qui manque : l’électricité aussi a disparu. La vie à Kisangani est devenue hypothétique », déplore-t-elle.
Un étudiant rencontré sur place appuie ce constat :
> « C’est depuis un bon moment que l’eau ne coule plus chez nous. Voilà pourquoi je viens ici puiser. J’appelle nos députés provinciaux à plaider pour nous. On souffre. C’était déjà difficile avec le délestage électrique, maintenant c’est l’eau. Aujourd’hui, plus de 98 % de la population de Kisangani vivent dans le noir. L’électricité, c’est devenu un luxe réservé aux autorités. »
Dans une ville où les services sociaux de base sont en déclin, l’inquiétude grandit. Le manque d’eau potable et d’électricité plonge les habitants dans une précarité croissante. Au-delà de l’inconfort, c’est l’hygiène publique, la santé, et désormais la sécurité qui sont menacées.
La population appelle les autorités locales et provinciales à prendre des mesures urgentes. Pour beaucoup, il ne s’agit plus d’une simple crise passagère, mais d’une situation d’urgence humanitaire à laquelle il faut répondre sans délai.
Judith BASUBI

Je suis Journaliste, évoluant dans la ville de Kisangani, Province de la TSHOPO, en République démocratique du Congo. Contacts : +243 815 397 719 +243 854 309 033
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